Romain GHEZAL ingénieur du son / Ableton (SEXION, GIMS, DAMSO, JAMES BKS, JAHNERATION)
« la LIOBOX contrôle tous les déclenchements et la synchro du show »
Nous avons rencontré Romain Ghezal, lors de son passage à la U Arena avec SEXION D’ASSAUT:
Salut, je m’appelle Romain Ghezal.
Je suis ingénieur du son depuis plusieurs années, je fais aussi bien de la face que des retours ou de la gestion d’Ableton. Je travaille en ce moment sur GIMS et SEXION pour lequels je gère la régie Ableton, et je reprends la régie retour de JULIEN. Je fais également la face sur JAHNERATION et JAMES BKS.
– Peux tu nous parler de ton setup sur SEXION?
Notre setup est constitué de deux Ableton en mode arrangement, avec deux cartes MADI RME MADIFACE, toutes les deux connectées à une bascule automatique BLDS DIRECT OUT avec détection d’interruption de signal audio.
La bascule peut être réglée selon des priorités sélectionnées, dans notre cas les deux ordinateurs sont prioritaires, ainsi la bascule MADI se cale sur l’ordinateur le plus rapide.
Nous avons aussi la possibilité de forcer un ordinateur.
Je monitore toujours au lancement l’indicateur de switch de la bascule afin de pouvoir savoir sur quel ordinateur est synchronisé l’audio.
– Comment sont synchronisés les deux ordinateurs?
Les deux ordi ne sont pas synchronisés à proprement parlé. Nous avons pensé la config comme deux systèmes complètement indépendants, du coup quelque soit le problème rencontré sur l’un il n’affecte pas l’autre.
La synchro est faite par l’info de lancement de track qui est envoyée par la LIOBOX simultanément aux deux ordis via une carte MIDI RTP IConnectivity.
– Justement, comment est intégrée la LIOBOX dans votre config?
Sur SEXION, nous avons une LIOBOX chez le DJ qui lui permet de lancer les tracks pendant le show. Une autre LIOBOX est installée à la régie Ableton, afin que je puisse avoir la main sur le setup. Nous avons grace à elle un visu sur les clefs d’Autotune, ainsi que sur la durée des tracks et le temps restant avant la fin du morceau. Cela nous permet de vérifier que les autotunes sont bien sur les bonnes tonas et nous donne un indicateur de fin de morceaux.
Sur GIMS, le clavier et le batteur ont tous les deux une LIOBOX et peuvent ainsi déclencher les sons.
– Comment est conçue votre session Ableton?
J’organise ma session en escalier. Ce qui fait que j’ai une piste par instrument et par morceau.
Chaque morceau est découpé en stems et placé dans un groupe. Ainsi lorsque je déplie le groupe je ne vois que les pistes sur lesquels il y a de l’audio. Cela facilite l’organisation de la session et sa lisibilité.
Chaque piste est ensuite envoyée vers des pistes que j’appelle « master » qui sont routées vers les sorties de la carte son.
Cela permet également de pouvoir ajouter des traitement sur certaines pistes sur certains morceaux sans avoir à les automatiser.
Je récupère en MADI toutes les pistes du plateau dans Ableton et je peux recorder ce dont j’ai besoin. Ce qui permet au directeur musical (BOOM) de travailler sur les arrangements en répé. Ce travail est très important car il permet de proposer au public des versions uniques des morceaux afin que le show soit différent de l’album et plus adapté à une écoute live.
– Utilisez vous les fonctions de la LIOBOX au sein de votre session?
J’utilise la fonction de masquage des marqueurs comme ca je peux me mettre des indications sans que cela ne s’affiche pour les musicien sur leur LIOBOX.
J’utilise aussi depuis peu la fonction autostop qui permet de stopper la lecture sans avoir à automatiser les stops via des notes midi. Il suffit de nommer un marqueur stop. C’est une fonction que nous vous avons demandé dès le départ et que vous avez intégré sur la dernière mise à jour il me semble.
– Je vois qu’il y a une piste de structures sur la session ?
En général le directeur musical (BOOM) découpe les morceaux en couplet refrain etc, cela permet durant les répé ou les balances de lancer la lecture directement sur la partie que l’on veut travailler. C’est plus visuel que des marqueurs, avec les couleurs on identifie directement les parties de la track.
Par exemple sur SEXION, il y a parfois 8 chanteurs, en faisant cette piste et en identifiant la partie de chacun, on sait exactement qui va chanter à quel moment. Julien aux retours a un visu sur l’écran, ce qui lui permet d’anticiper les suivis de mic. Ca nous sert clairement de conduite !
C’est pratique aussi en répétition ou balance si les gars veulent bosser leur couplet, on peut très rapidement et facilement faire une boucle.
Ca nous permet aussi de recorder tous les top du metteur en scène lors des filages, ainsi que les indications pour les musiciens.
– Comment les clics des musiciens sont-ils gérés?
Les clics sont envoyés aux musiciens grace à un drum rack en midi, comme ca je peux sélectionner le son du clic en fonction du musicien. L’avantage du midi est aussi que le clic sera forcément calé sur la grille même si le tempo du morceau est changé, sans que le son soit modifié.
J’ai toujours une piste clic à la noire et une piste clic à la croche prêtes.
– Vous vous servez également d’Ableton pour synchroniser la technique?
Ableton envoie des infos midi aux instruments sur scène. Les presets du KEMPER (ampli guitare numérique), sont envoyés par Ableton.
Pour les claviers sur scène, c’est le clavier principale qui envoie les changements de preset à tous les autres claviers, nous n’envoyons qu’un program change à ce clavier.
Le SPD-SX est également synchronisé par Ableton.
Une fois que les musiciens lancent une track avec leur LIOBOX, tous les instruments sur scène se calent sur le preset du morceau.
Les snapshots de la console retour sont également synchronisés. Nous avons mis en place avec JULIEN des « event midi » qui permettent de déclencher des actions de la console au sein d’un snapshot, en fonction des infos midi envoyées par Ableton. Par exemple sur le show de GIMS, le morceau « Bella » commence par une guitare acoustique et fini par une guitare électrique. Ableton envoie un control change midi à la console retour pour muter la guitare acoustique et demuter ensuite la guitare électrique. Ca permet au musicien d’être plus libre et de ne pas avoir à utiliser ses pédales. Tout est automatisé.
Les autotunes quand à eux sont gérés via un troisième ordinateur, sur lequel est connecté un LiveRack d’UAD. Ils sont insérés sur les voix en MADI et l’automatisation est aussi réalisée par Ableton, avec des CC midi. C’est important pour nous que l’activation soit précise car sur le show de GIMS par exemple, les autotunes ne servent que sur certains morceaux pour un effet de prod assumé et non de correction, donc il n’intervient que sur certains passages.
Cet ordinateur est connecté au ordis d’Ableton via un cable RJ45 qui transmet un réseau MIDI dans lequel nous faisons passer les infos midi.
La synchro avec la lumière et la vidéo est également gérée par Ableton. Nous avons un Time Code sur chaque track, qui est envoyé sur une sortie audio en console face vers la console lumière et la régie vidéo. C’est nous qui générons les time code et qui les plaçons dans Ableton. Ensuite nous envoyons la sessions Ableton avec un mix LR, aux opérateurs lumière afin qu’ils puissent pré-encoder le show en amont.
– Sur un show comme celui de SEXION, comment est organisée votre pré-pro?
La pre-prod commence par des échanges avec les prestataires sur les besoins techniques en terme de matériel. Une fois le matériel validé, nous partons préparer les kits directement chez le prestataire, en général pendant deux jours. C’est à ce moment là que les interconnections entre les différents équipements audio sont mise en place et testées.
Puis viennent les répétitions en studio, en l’occurence Planète Live, sur lesquelles nous installons la régie retour et parfois la régie face. Les répétitions peuvent durer jusqu’à 10 jours selon les shows et leur durée.
Là on vérifie la communication de la session Ableton avec les différents instruments sur scène.
Les répétitions sont d’abord dédiées au travail avec les musiciens, afin de caler les différents mix et de préparer une mise à plat pour l’artiste avant son arrivée.
Il y a souvent des adaptations de niveaux sur les séquences, en fonction de l’énergie et du jeu des musiciens.
C’est aussi à ce moment là que le directeur musical (BOOM) réalise les nouveaux arrangements pour le live en fonction du jeu des musiciens et de l’esthétique que l’on veut donner au show.
Une fois les répétitions terminées, nous attaquons la résidence sur scène, pendant laquelle nous validons les envois vers les différents postes comme la lumière et la vidéo.
Les résidences se font en général en Zénith sur 4 à 5 jours, avec un concert de sortie de résidence.
Après les premiers filages, les artistes nous demandent parfois de rallonger des refrains ou couplets. C’est souvent plus compliqué que ce qu’il n’y parait car la lumière, et donc le TC, doit être rallongé et testé afin que la lumière suive bien le show. C’est pourquoi ces modifs ne peuvent être mises en oeuvre qu’avant les balances afin de pouvoir tout valider.
Une fois la session calée, elle contrôle tous les déclenchements et la synchro du show.
Les balances vont commencer, merci beaucoup pour votre accueil, et bon show !
